Les cylindres sont réalisés à la machine, mais même la meilleure des machines ne pourra pas fabriquer de grandes séries de pièces absolument identiques. On réalise donc ce qu'on appelle un "appariage" cylindre et pistons.
On commence par classer les cylindres par diamètres effectifs qu'on identifie par une lettre ou un chiffre selon les marques. Chez Peugeot, les cylindres vont de 39.91 mm à 39.99 mm, soit 8 /100 de différence et sont classés dans 9 séries échelonnées de centième en centième et identifiées par de lettres.
Puis à chaque série de cylindre on attribue un piston avec une côte 3 /100 inférieure, ce qui donne le jeu de fonctionnement nominal minimum (donc théorique, puisqu'il varie avec l'usure jusqu'à devenir excessif et nécessiter un remplacement des pièces). Là aussi on trie les pistons lors de la fabrication, on ne cherche pas à les réaliser du premier coup avec une côte de cette précision au départ...
De tout ça il résulte que le cylindre peut varier de 8 /100, donc sa circonférence (3.14 x Ø) pourra différer de 0.25 mm, soit plus de 2 /10 ! Là on est en dixièmes, plus en centièmes...
Les segments sont tronçonnés dans un tube de fonte rectifié puis mis à l'épaisseur exacte à la rectifieuse plane (meule très précise). Comme tous les métaux, ils s'allongent à chaud et leurs extrémités ne doivent bien entendu jamais se rejoindre sous peine de coincer dans le cylindre.
On détermine donc par calcul, au bureau d'études du moteur, le jeu que l'on doit laisser entre leurs extrémités (jeu à la coupe) afin que ça ne se produise pas, en tenant compte de la dilatation de la fonte (ou de l'acier pour certains moteurs à chemise fonte) qui les compose, de la dilatation aussi du cylindre qui les contient, pour que le fonctionnement soit idéal.
Par contre les segments n'ont pas cette précision différenciée au 1 /00 à la fabrication, ils ont tous la même côte, celle qui normalement procure le jeu de fonctionnement nominal au plus grand cylindre possible.
Leur jeu en centièmes correspond, en gros et par expérience, à 1 /400 ou 1 /300 du diamètre du cylindre, selon le type de refroidissement et la matière utilisée.
Pour nos 50 cm3 d'alésage 40, le jeu entre ces becs (celui que tu peux voir sur mes photos) sera par simple calcul de 1 /10 à 1.5 /10 de mm. Et ce jeu doit impérativement être vérifié, voire retouché avant le montage. Si il est supérieur à 4 ou 5 /10, on doit changer les segments. Ce sont ce qu'on appelle des "pièces d'usure".
Dans les faits, avec un bon mélange, un jeu de segments n'atteint cette usure qu'après plusieurs dizaines de milliers de km.
Sur mes motos refroidies à air, je ne les change qu'à 70 ou 80 000 km. Sur mon Solex de course qui tourne à plus de 12 000 t/mn avec un cylindre fonte mal refroidi, c'est quand ils cassent ! Et encore, je me débrouille toujours pour en monter des vieux récupérés sur des moteurs à la benne. En 40 ans de course avec cet outil (le Solex, c'est ma vraie passion), je n'ai acheté qu'une boîte de 10 segments, et il m'en reste !
Encore un mot : je me demande comment on peut faire fonctionner correctement un moteur avec un cylindre kit, le piston qui va avec mais dont on ne sait rien de la dimension exacte, et surtout racheter un piston sans côte tolérancée pour enfiler au hasard dans un cylindre inconnu... Ça m'épate !