Bon, je vais me faire pourrir pour le double post (et le long pavé qui suit), mais j'ai quelque chose à raconter au sujet des faisceaux électriques.
Alors voilà :
En cherchant bien sur le net, on doit pouvoir retrouver la date. En tous cas c'était un vendredi soir d'automne et la lune était nouvelle...
C'était aussi le week end de présentation de la R12 Gordini à la presse au Castelet. En 70 donc.
J'étais parti de Paris pour Avignon, Mach III chargée de sa valise solidement attachée sur la selle et calée par la poignée arrière (toujours la même valise, celle de mes débuts à la capitale quelques mois plus tôt). J'avais pris l'autoroute pour aller plus vite, c'était toujours 120 km de bonne route. Époque bénie où la vitesse... n'était limitée qu'en ville !
J'étais étonné par le nombre de berlinettes Alpine et de R8 Gordini que je doublais. À un moment je roulais relax, une main posée sur le réservoir et les pieds sur les culasses extérieures quand je rattrapais une 1600 S qui croisait à 160... La nuit était noire et dans le reflet de mon phare j'ai bien senti l'étonnement et la sympathie sur le visage du pilote. J'ai rendu un peu la main et nous avons roulé ainsi jusqu'à la Charité sur Loire, bien après la fin de l'autoroute.
Quand je me suis arrêté pour faire mon premier plein à Cours, après Briare, (époque bénie à nouveau où les stations étaient nombreuses à rester ouvertes la nuit...) il s'est arrêté aussi et nous avons discuté un peu autour d'une tasse de café. C'est ainsi que j'appris que toutes ces Gordini descendaient au Castelet pour la présentation officielle de la R 12 Gordini. Puis nous sommes repartis et la pluie nous a mouillé peu après. Mon Alpine a alors baissé singulièrement de cadence et j'en ai profité pour m'arrêter mettre mon bel imper en plastique vert transparent...
J'ai doublé mon camarade de route et je l'ai laissé rouler doucement à son rythme. Après Moulins la pluie a cessé et mon imper me gênait pas mal. Comme il faisait assez chaud, je me suis arrêté sous un lampadaire de Lapalisse pour le retirer et le remettre à sa place sous la selle. Bel exercice, il fallait à chaque fois retirer la valise... Hop, en route ! Quelques km plus loin tout s'est soudain éteint, et rouler dans le noir à 200 sans lumière, je me suis fait une très grosse frayeur... Et cette garce de Kawa qui continuait à tourner avec le fusible sauté ! Avantage et inconvénient d'avoir un allumage sur l'alternateur en plus de la batterie.
Quand mes jambes ont eu terminé de flageoler, j'ai changé ce maudit fusible et je suis reparti, pour 3 km ! Nouveau court-jus et bien entendu plus de fusible. Alors j'ai fait ce que je savais être une connerie, j'ai remplacé la bête par un bout de fil prélevé sur le contacteur de stop. Et en route ! Bien entendu, quelques km plus loin, la lumière a commencé à faiblir et soudain des flammes sont sorties de sous la selle en même temps que le moteur perdait 2 cylindres !
Arrêt d'urgence, éjection de la valise, et j'ai trouvé le court-circuit : dans la fumée malodorante de mon imper fondu, j'ai vu la fermeture éclair qui court-circuitait les bornes de deux bobines ! Donc, je le savais mais ça confirme, quand un fusible pète, il faut toujours en rechercher la cause avant de le changer. CQFD !
En attendant, j'étais comme une andouille (fumée) avec mon faisceau électrique cramé. Et cramé comme il faut ! Un bloc de plastique mou d'où émergeaient quelques brins de cuivre partait des bobines pour remonter vers le phare, sous le réservoir. Une chance que la bécane n'ait pas brûlé. Alors j'ai poussé (je suis un grand spécialiste de la poussette depuis la Royal Enfield !) jusqu'à trouver les lumières d'une station BP à La Pacaudière, à mi chemin de Roanne.
J'ai exposé mon cas au pompiste de nuit, mais tout ce qu'il a pu me proposer c'était un rouleau de Scotch transparent et une rallonge électrique de Syndex blanc alimentant le panneau lumineux "Ouvert la nuit". A commencé alors une longue, longue séance de bricolage. Réservoir et selle déposés, j'ai cherché l'origine et la fin des 16 fils cramés du faisceau, les coupant aux deux bouts, et remplaçant le morceau HS par un brin dédoublé de la rallonge... Un tour ou deux de Scotch, et au suivant.
L'opération a réussi et la greffe a pris, ne me restait plus qu'à faire le plein prématurément et à repartir après avoir chaleureusement remercié le pompiste ébahi par la hardiesse de l'entreprise. Par chance la batterie avait à peu près bien encaissé le choc et a bien voulu me fournir le courant nécessaire au voyage.
Finalement ce ne fut pas trop grave : d'abord je ne suis pas tombé, malgré la conduite dans le noir et ensuite il n'a pas replu !
Voilà. Dites, z'avez vu l'heure ? Je file au lit !
Bonne nuit.