On peut dire ce qu'on veut, le manque de pognon est un gros frein à l'addiction, associé à la volonté personnelle.
J'ai commencé à fumer vers 14 ans, le paternel fumait (du tabac bon marché) et ça m'aidait à cacher l'odeur. Tout l'argent de poche que maman me donnait y passait, puis j'ai piqué des clopes au vieux mais il trouvait qu'il n'avait plus son compte et pour finir je taxais dans son portefeuille et tout ce que je gagnais comme blé en lavant des autos y passait aussi.
Pourtant les clopes ne coûtaient pas cher du tout à l'époque, mais j'étais à sec alors j'ai été jusqu'à carrément les voler chez les buralistes...
Et puis est venue l'armée et ses 16 longs mois payés 55 centimes par jour (des centimes de francs de 1968, ça ferait aujourd'hui environ 0.45 € d'aujourd'hui), plus 2 paquets de Troupe par quinzaine, un affreux tabac qui te faisait remonter les poumons.
Alors un matin que la chambrée puait le tabac froid, la bière aigre et le pâté, j'ai foutu un grand coup de rangers dans la porte de mon placard en jurant de ne plus fumer et j'ai vendu mes clopes pour me faire un peu de blé ! Et j'ai tenu bon, je n'ai jamais plus touché à un mégot.
Je suis même devenu un ayatollah anti tabac et je gueulais comme un goret contre les collègues d'atelier qui fumaient et polluaient mon air.
Il y a une quinzaine d'années, je ne pouvais plus arquer, souffle court et respiration sifflante, j'ai consulté un pneumologue. Verdict : 40% des poumons sclérosés ! Heureusement ce n'était pas cancéreux mais j'ai eu très peur ! Après prélèvements (douloureux) et analyses, le verdict est tombé : allergie au tabac des autres...
J'ai maintenant récupéré une bonne partie de mes poumons mais je suis toujours en traitement et je ne trouve rien d'agréable à ça.
Et je continue mon combat auprès des jeunes pour leur faire comprendre tout le bien que je pense de ces me*des qui te détruisent tout en en enrichissant d'autres - j'ai hélas à mon âge trop d'exemples d'amis morts dans de grandes souffrances par le crabe -, que ce soit à fumer, à injecter ou à boire.
Mon plus grand bonheur est d'avoir réussi à faire arrêter de fumer mon fiston et son épouse, à mon niveau c'est déjà une belle victoire.